Débouchés La deuxième vie de la canne à sucre, du rhum aux agrocarburants
Les nombreux atouts de la canne à sucre, qui fera un excellent agrocarburant de deuxième génération grâce à son importante masse sèche, sont présentés par le Cirad, un centre de recherche en agronomie tropicale, au Salon international de l'Agriculture à partir de samedi à Paris.
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L'éthanol, ou alcool pur obtenu après fermentation et distillation du sirop de canne, "a un coût énergétique très bas par rapport au maïs, au blé, à la betterave aussi", explique François-Régis Goebel, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Le Brésil a été le premier pays à utiliser massivement cette source d'énergie bon marché, qui sert aujourd'hui de carburant à 80% de son parc automobile. "Pour la transformation du sucre en éthanol, le rendement est déjà important parce qu'on arrive à 10 tonnes par hectare, mais l'utilisation la plus importante va venir de la biomasse", ajoute M. Goebel.
La canne à sucre fournit en effet 25 à 30 tonnes par hectare de matière sèche, et ce rendement pourrait être poussé à 40 tonnes par hectare par sélection de variétés. Les agrocarburants de deuxième génération, actuellement en phase de développement, ne devraient être commercialisés que dans quelques années. "C'est compliqué parce qu'il faut passer par un processus de dégradation de la biomasse, il faut casser les molécules. Par contre, les ressources sont absolument gigantesques", selon le chercheur du Cirad.
En dehors des cultures dont le rendement est moins bon que la canne, les arbres peuvent founir une importante quantité de cellulose dégradable en ressource énergétique, mais cette ressource se renouvelle beaucoup moins vite. A l'avenir, "je pense que sur la canne à sucre, l'Europe importera des productions du Brésil", prédit M. Goebel, qui explique que le Cirad se dit intéressé par la production de canne à sucre en Afrique, où l'institut français a de nombreux partenariats. "Mais il faut s'assurer que cela ne porte pas préjudice aux forêts", comme par exemple avec la culture extensive du soja qui accentue les sécheresses, souligne-t-il.
La canne présente aussi l'avantage, comme le maïs et le sorgho, de mieux utiliser le dioxyde de carbone (CO2) et la lumière du soleil que les autres plantes. Ses feuilles servent de fourrage aux animaux et ses racines protègent les sols contre l'érosion due aux fortes pluies. Enfin la bagasse (matière sèche) peut être brûlée pour alimenter des centrales électriques, transformée en pâte à papier ou en panneaux d'aggloméré pour l'ameublement (le bagapan). Quant à la saccharose de la canne, elle peut être transformée en plastique végétal fournissant des emballages rapidement biodégradables.
Parce qu'il est impossible d'employer des pesticides après six mois de culture, les sélectionneurs s'efforcent de créer des cannes résistantes aux maladies, tandis que les entomologistes introduisent dans les champs de canne des insectes ou des champignons ennemis naturels de certains ravageurs, comme les vers ou les chenilles. Contrairement à ce qui se passe avec le soja, le maïs ou le coton, il n'existe pas de cannes à sucre génétiquement modifiées (OGM) en plein champ, les essais étant encore confinés en laboratoire, selon M. Goebel.
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